Illustrations : Bible tahitienne ; Henry Nott ; LMS ; gravure illustration du navire Duff.
Synthé : Bible tahitienne ; 1838 Richard Watts ; Henry Nott ; Henere Noti ; Duff; 1817-1835 ; 1840 Tahiti.
Te Bībīlia mo’a oia, te faufa’a api te faufa’a tahito tō’u i’oa. ‘O vau nei ā te Bībīlia mātāmua roa i hurihia i roto i te re’o mā’ohi. Ua nene’i ia vau i te matahiti 1838 e te ta’ata rā ō Richard Watts i te ‘oire no Ronetona i te fenua Peretane. E 752 rahira’a ‘api tō’u e, e 3000 rahira’a Bībīlia mātou i nene’ihia i terā rā matahiti. Nā te mitionare peretane rā ‘o Henry Nott, oia ho’i ‘o Henere Noti i rave pāpu i tāua ha’a rā.
I tōna ihoa taera’a mai i ō tātou nei i ‘ana’anatae rahi a’e ‘oia i te ha’api’i i te re’o tahiti, ‘ōpua roa atu ai ‘oia i te rave i tāua ‘ohipa iti faufa’a rahi.
I roto i te rahira’a mitionare i ta’e mai na ni’a i te pahī rā ō Tarapu, ‘o ‘oia ana’e ihoa ra tei ‘ite vave i tō tātou reo. No te huri i te Bībīlia i roto i te reo mā’ohi, ua tauturuhia ra ‘oia e te mitionare rā ō John Davis e te ta’ata rā ō Tuahine no te motu no Raiatea.
Ua ha’amatahia i teie ha’a i te matahiti 1817 e ua oti hope roa i te 18 no tītema matahiti 1835. Reva atura o Noti i te fenua Peretane no te nene’ira’a ia i teie Bībīlia hina’aro rahi hia rā e rātou.
Ia oti, ua tu’uhia atu ra vau i mua i te aro ō te Arii vahine no te fenua Peretane ō Victoria, fa’aho’ihia mai nei au i Tahiti nei i te 12 no tetepa matahiti 1840. I teie mahana, tei roto vau i to tātou Fare Teanavaharau.
Production: ICA (SPAA) / CPSH (Service de la Culture et du Patrimoine) / RFO Polynésie (Polynésie 1ère) / Musée de Tahiti et des Îles, Collection Archives PF
Illustrations : Bible tahitienne ; Henry Nott ; LMS ; gravure illustration du navire Duff.
Synthé : Bible tahitienne ; 1838 Richard Watts ; Henry Nott ; Henere Noti ; Duff; 1817-1835 ; 1840 Tahiti.
Mon nom est “Te bibilia moa ra, oia te faufaa tahito e te faufaa api”. Je suis la première bible, ancien et nouveau testament, traduite en Tahitien. J’ai été imprimée sur 2 colonnes en 1838 par Richard Watts pour la société biblique à Londres, en Angleterre. J’ai 752 pages et je fus tirée à 3000 exemplaires.
Je suis l’oeuvre du missionnaire anglais Henry Nott que les Tahitiens surnommaient Henere Noti. Celui-ci se passionnait pour la langue tahitienne, et avait entrepris de traduire la Sainte Bible. Il était certainement le seul missionnaire venu avec le navire Duff qui parvint à une maîtrise quasi-parfaite de la langue. Il était donc tout désigné pour ce travail. Il fut aidé dans sa tâche par un autre missionnaire John Davies et Tuahine, originaire de Raiatea.
Entamé en 1817, ce travail de traduction s’achève le vendredi 18 décembre 1835. Aussitôt, Nott part vers l’Angleterre faire imprimer cette bible en tahitien qui leur manquait tant. Puis, il me présente à la reine Victoria et me ramène à Tahiti le 12 septembre 1840. On écrivit alors à mon sujet que j’étais “un ouvrage admirable, fruit d’une application et d’une persévérance qui méritent les plus grands éloges.
Production: ICA (SPAA) / CPSH (Service de la Culture et du Patrimoine) / RFO Polynésie (Polynésie 1ère) / Musée de Tahiti et des Îles, Collection Archives PF
Lorsqu’il écrivit sa lettre au Gouverneur Lavaud, le 31 août 1847, le Duc de Montebello, Ministre Secrétaire d’État de la Marine et des Colonies, avait pris connaissance des derniers développements de la guerre coloniale, qui avait pris fin au 1er janvier de cette année, et du retour à Tahiti, le 9 février, de la Reine Pomare IV « qui paraît désormais accepter franchement le protectorat et ses conséquences ».
Le Ministre se souvenait des premiers pas de l’autorité française à Tahiti. En 1836, deux missionnaires catholiques, les pères picpussiens Caret et Laval, venant de Mangareva, avaient débarqué à Tautira et s’étaient rendus à pied à Papeete. Ils furent rapidement expulsés.En 1838, de passage à Tahiti, Du Petit-Thouars exigea des excuses, une indemnisation et le salut au drapeau français. Un traité de paix perpétuelle et d’amitié entre les Français et les habitants de Tahiti fut signé le 4 septembre 1838. L’année suivante, le libre exercice du culte catholique était reconnu. Moerenhout, le consul de France, insista auprès de Du Petit-Thouars pour que celui-ci, qui venait d’annexer les Marquises, établît le protectorat de la France sur le royaume. La Reine, sous l’emprise du consul anglais Pritchard (qui n’était plus pasteur), adopta une attitude qui entraîna un conflit qui allait durer quatre ans. Les Français eurent le temps de prendre la mesure de l’importance de la religion protestante chez les Tahitiens. C’est pour cette raison que le Ministre écrivit : « Nous devons éviter avec soin tout ce qui serait de nature à troubler cet état de choses et à amener de nouvelles complications. Sous ce rapport, je crois à propos d’appeler votre attention sur ce qui concerne le Clergé catholique ».
Le Ministre était conscient que “le personnel d’agens français, civils et militaires, qui est réuni à Papeïti peut comporter et même rendre nécessaire la présence, sinon continuelle, au moins fréquente, de quelques prêtres catholiques ». Mais il se méfiait. D’après ses informations, il n’y avait que deux prêtres en 1845 à Papeïti, M.M. Orens et Amable . Il insistait auprès de Lavaud de bien exiger « qu’ils s’abstiennent avec soin de toute tentative de prosélytisme sur la population indigène ». Il craignait avant tout « de nouveaux conflits avec les Missionnaires étrangers ». Mais politiquement, la situation d’emprise des missionnaires anglais sur la population indigène, « sans contrepoids à leur influence », eût pu devenir « un véritable inconvénient ». Il demandait donc au Gouverneur d’examiner « personnellement et secrètement s’il y aurait utilité à envoyer à Taïti (…) un ou deux Ministres français, appartenant au culte protestant ». Ces pasteurs seraient « entretenus au compte du Gouvernement ».
La « rémunération » du clergé dans l’Océanie n’était pas nouvelle. En 1843, l’amiral Roussin écrivait au Gouverneur Bruat à propos des prêtres missionnaires aux Marquises : « Vous réunissez dans vos mains des moyens suffisants pour obtenir que l’action de ces prêtres se combine avec la pensée de votre administration. Vous savez qu’une convention a été passée avec le supérieur de la maison de Picpus, et que, par elle, le département de la marine a consenti à reconnaître, à chacun des membres de cette congrégation qui exercent leur saint ministère dans notre établissement, un traitement et des frais d’installation. Cette condition servira naturellement votre influence sur ce personnel religieux. Sans vous immiscer dans la direction spirituelle que le chef des missions de l’Océanie imprimera seul aux démarches des missionnaires, il vous sera possible, précisément en considération des dépenses que le département de la marine fait tant pour les prêtres que pour le service du culte, de vous concerter avec M. l’évêque [Mgr Baudichon] et d’obtenir de lui le redressement des actes qui vous paraîtraient répréhensibles, et le changement des ecclésiastiques qui feraient obstacle aux vues de votre administration. Les rapports qui s’établiront à ce sujet sont d’une nature trop délicate pour que je ne compte pas que vous y mettrez toute la réserve et toute la circonspection désirables ». (cité dans Guizot, Mémoires)
Le Ministre annonçait que pour 1848, il maintenait au budget « la prévision d’un seul prêtre pour Papeïti ».La fin de la lettre fait état d’une réclamation de Mgr l’Archevêque de Calcédoine : il s’agissait de Mgr Bonamie, Supérieur général de la congrégation des prêtres de Picpus, à Paris. Le ministère aurait été redevable de « deux indemnités de trousseau (…) acquises à des prêtres alors destinés pour les Marquises ». Le Ministre demandait à Lavaud de vérifier et de solder cette dette si elle était avérée.
L’installation des catholiques allait s’accélérer avec l’arrivée, en février 1849, de Mgr Stéphane Jaussen, évêque in partibus d’Axieri.
En 1860, l’Assemblée législative demandait au Commissaire impérial l’envoi de pasteurs protestants français, et en 1863, arrivaient les deux pasteurs Arbousset et Atger.
Le dernier pasteur anglais, William Howe, quittait Tahiti cette même année 1863.
Illustrations : Moai ; Mgr Jaussen
Synthé : Rongo Rongo ; Rapa Nui ; Ile de Pâques ; Podocarpus Catifolia ; 1869 Iles de Pâques ; Mgr Jaussen.
E rā’au nāna’ohia vau e te fenua Rapa nui. E Rongo Rongo tō’u i’oa. Ua pi’ihia vau “l’échancrée” no te mea ua ‘afā te tahi tuha’a o tō’u nei tino. I mūta’a iho ra ua pū’ohuhia vau i roto i te hō’e taura rongo; ahuru ma ono metera tona roa. Teie taura, ahuru ma ono atoa rahira’a taura rongo i ninohia tei ravehia no te ha’amani ia na.
Ua taraihia vau i roto i te hoe rā’au pi’ihia « podocarpus latifolia » e reo popa’ā. Eita ra teie rā’au i tupu ae nei i ni’a i teie fenua no Rapa Nui.
Ua nana’o hope roa hia vau, e ua riro teie mau nana’ora’a ei tūāpaparaa no te mau ‘aivāna’a e rave rau no te ao ato’a nei.
Ua ti’aturi te tahi e, e huru pāpa’i paha teie. ‘Aita ra ho’i te te hō’e noa ae tatarara’a pāpū maita’i i hōro’ahia atura no mātou e tae roa mai i teie nei.
O vau nei ra, ua fa’aru’e māua te orometua Gaspard Zumbohm i te fenua Rapa Nui no te tere mai i Tahiti nei i te matahiti 1869. I reira, ua pūpūhia na vau e ō, mai roto mai i te rima o te nuna’a no Rapa Nui, na te Arii ‘Epikopo Tepano Jaussen. I muri iho, ua haaponohia atu vau i te oire no Roma. Na te Arii ‘Epikopo Mihaera Coppenrath i fa’aho’i mai iā’u i Tahiti nei i te āva’e tetepa no te matahiti 1975 rā.
Mai reira mai, tei roto ia vau i to tātou Fare Teanavaharau.
Production: ICA (SPAA) / CPSH (Service de la Culture et du Patrimoine) / RFO Polynésie (Polynésie 1ère) / Musée de Tahiti et des Îles, Collection Archives PF
Illustrations : Moai ; Mgr Jaussen
Synthé : Rongo Rongo ; Rapa Nui ; Ile de Pâques ; Podocarpus Catifolia ; 1869 Iles de Pâques ; Mgr Jaussen.
Petit morceau de bois gravé, je suis un Rongo Rongo, une tablette de l’île de Pâques, Râpa Nui. Je suis surnommée “l’échancrée” en raison de l’éclat de bois qui m’a quelque peu altéré. J’étais protégée par un écheveau de cheveux de 16 mètres de long qui était enroulé autour de moi.
Entièrement confectionné avec des cheveux humains, ce cordon est composé de 16 brins. Chaque brin a été tressé avec une vingtaine de cheveux. J’ai été taillé dans du bois dont le nom scientifique est “podocarpus catifolia”, un conifère qui pourtant n’a jamais poussé sur l’île de Pâques.
Je suis entièrement gravée et mes motifs ont toujours intéressé les chercheurs quels qu’ils soient. Beaucoup ont comparé mes motifs a une forme d’écriture mais personne n’est encore arrivé à me décrypter de manière incontestable. Je reste encore un mystère, un autre mystère de l’île de Pâques qui en recèle bien d’autres. J’ai quitté l’île de Pâques en 1869 avec le Père Gaspard Zumbohm, Picpucien, qui m’a remis à Monseigneur Tepano Jaussen, de la part des habitants de l’île de Pâques.
Je suis ensuite partie à Rome et c’est Monseigneur Coppenrath qui m’a rapporté à Tahiti en septembre 1975.
Production: ICA (SPAA) / CPSH (Service de la Culture et du Patrimoine) / RFO Polynésie (Polynésie 1ère) / Musée de Tahiti et des Îles, Collection Archives PF
Le 1er août 1846, le Gouverneur Bruat reçut par le navire La Louise une lettre du Ministre de la Marine et des colonies (le baron de Mackau), datée du 27 février. C’est une lettre de recommandation pour un agent de La Société française de l’Océanie, monsieur Gustave Touchard, lequel avait pour mission « d’organiser des comptoirs dans les Archipels de la Mer du Sud ».
Le Ministre ne tarit pas d’éloges pour cette société : « Je me plais à […] vous exprimer la vive sympathie que m’inspire l’œuvre tout à la fois commerciale et civilisatrice » de ladite société.
La Société de l’Océanie fut créée en 1844-1845 par trois hommes : Monseigneur Douarre (évêque in partibus d’Amata en Nouvelle-Calédonie, de passage en France), Auguste Marceau (commandant de marine) et Louis Victor Marziou (important armateur du Havre, principal financier de la Société). Cotée en bourse, elle avait pour actionnaires le pape, quinze cardinaux, vingt archevêques et le Roi d’Italie.
Sous l’impulsion des Maristes de Lyon et du commandant Marceau, une « marine religieuse » prit naissance. Elle arma plusieurs navires : l’Arche d’Alliance, l’Étoile du matin, la Stella Del Mare, l’Anonyme, la Léocadia et le Paquebot des Mers du Sud.
Le commandant Marceau (1806-1851) fut un personnage étonnant. Élève à l’école polytechnique, il fit des études approfondies sur la vapeur et s’engagea dans la marine. C’était alors un bon vivant et libertin, adepte du saint-simonisme. Après plusieurs campagnes militaires et scientifiques, il se fit baptiser en 1841 et devint un ardent défenseur de la foi.
En 1845, il prit le commandement de l’Arche d’Alliance, et il quitta la France le 15 novembre, pour rayonner pendant trois ans en Océanie.
Il arriva aux Marquises fin mai 1846 ; il y séjourna jusqu’au 2 juillet. Il se rendit alors à Tahiti, qu’il rejoignit en 4 jours. Puis, le 26 août, il fit route vers le Pacifique Occidental.
Le 22 juillet 1848, il revint à Tahiti où il fut reçu par monsieur Touchard (dont il est question dans la lettre du Ministre). Il apprit que la République était proclamée en France. Il repartit pour les Samoa le 5 septembre. (Il y rencontra Pritchard et en profita pour dénoncer les propos anti-français et anti-catholiques que ce dernier continuait de répandre.) Il était de retour à Tahiti le 6 décembre. Son navire fut affrété par le Gouverneur pour rapatrier 130 soldats (dont 6 condamnés), ainsi que la machinerie du Phaéton.
Son action dans le Pacifique fut essentiellement de transporter les missionnaires catholiques vers leurs destinations et de visiter ceux déjà en place : avec les autres navires, la Société en aura convoyé 117.
Mais la Société française de l’Océanie fut victime d’agents indélicats, d’un capitaine peu scrupuleux et de la mauvaise gestion de Marceau.
La Révolution de 1848 lui porta un coup fatal, malgré l’injection de capitaux de Marziou. Elle liquida ses actifs et disparut en 1849.
Elle ne fut pas, comme l’envisageait le Ministre, « sagement dirigée comme tout annonce qu’elle doit l’être, et promettant la réalisation d’une pensée des plus louables, ne (pouvant) manquer de devenir féconde en utiles résultats ».
Auguste Marceau se retira à Lyon chez les missionnaires maristes. Sa santé ne lui permit pas de devenir prêtre, comme il l’avait souhaité.
Sources : – Yannick Essertel, Les vicaires apostoliques en phase pionnière en Océanie au XIXè siècle, 2011. – Wikipédia – Auguste Marceau, Capitaine de frégate… par un de ses amis, 1859.
Illustration : gravure ancienne appui-nuque
Synthé : appui-nuque ‘uru’a ; William Ellis ; Uru ; Georges Bennet ; 1821 LMS ; 1978 Tahiti.
E au tō’u hoho’a i to te pa’etohe. E ‘ūru’a ra tō’u i’oa, e parau atoa hia ra e tatou i teie tau e tūru’a, mai ta tatou tūru’a ta’otora’a i mātau noa na. Ua taraihia na vau i roto i te rā’au uru. Ia au i te pāpa’i a te ta’ata peretane ra o William Ellis i roto i tāna puta « A la recherche de la Polynésie d’Autrefois », e topa maita’i te ta’oto o te mā’ohi e rave iā’u ei tūru’a ta’otora’a.
No tō’u huru, e hapehia e, e na te tahi ta’ata ‘aravihi no teie tau i tarai iā’u.
E mea iti huru po’opo’o tō’u vāhi vaira’a upo’o. Mai te tūru’a pāpū maita’i ra vau, e’ita ho’i au ti ‘opa’opa i te taime ta’otora’a.Mai Tahiti atu nei au i te ravera’ahia i te matahi 1821 ra, e te ta’ata ra o Georges Bennet no te tōtaiete mitionare no Ronetona. I muri iho, riro atura vau i te ta’ata ia James Hooper. I te ho’o-pāte-ra’a i tāna mau tauiha’a i ho’ohia mai ai au e to tātou Fare Teanavaharau. E oa’aoa iti rahi tō’u i te fa’aho’i fa’ahoura’ahia mai au i tō’u a’ia iti nei, e i rotopu i tō’u iho nuna’a.
Production: ICA (SPAA) / CPSH (Service de la Culture et du Patrimoine) / RFO Polynésie (Polynésie 1ère) / Musée de Tahiti et des Îles, Collection Archives PF
Illustration : gravure ancienne appui-nuque
Synthé : appui-nuque ‘uru’a ; William Ellis ; Uru ; Georges Bennet ; 1821 LMS ; 1978 Tahiti.
Je ressemble à un tabouret de petite taille, mais je n’en suis pas un. En fait, je suis un appui-nuque ou appui-tête selon les traductions. Mon nom tahitien est uru’a ou turu’a. Ce terme est d’ailleurs encore utilisé de nos jours pour désigner un coussin. A l’époque j’étais utilisé comme un coussin, mais en beaucoup moins confortable. Pourtant, William Ellis atteste dans son livre “A la recherche de la Polynésie d’Autrefois” que mes utilisateurs “dormaient aussi profondément que les habitants des régions civilisées le font sur le duvet le plus moelleux”.
En bois d’arbre à pain, le uru, je suis taillé dans la masse d’une seule pièce de bois. Ma partie supérieure est incurvée, ceci afin d’épouser au mieux la tête et deux solides pieds sur les côtés maintiennent ce plateau. Leur base est légèrement cintrée mais un petit décrochement a été façonné afin d’équilibrer l’ensemble. Mes lignes, très tendues semblent avoir été dessinées par un designer moderne.
Je fus recueilli par Georges Bennet de la London Misionnary Society en 1821, lorsqu’il séjourna à Tahiti. Je fus racheté en 1978 par le Musée de Tahiti et ses îles lors de la vente aux enchères de la célèbre collection Hooper.
Production: ICA (SPAA) / CPSH (Service de la Culture et du Patrimoine) / RFO Polynésie (Polynésie 1ère) / Musée de Tahiti et des Îles, Collection Archives PF
Originaire des Tuamotu, Jean TAPU était un grand chasseur sous-marin émérite et le second champion du monde français de la spécialité.Il participa à de nombreuses compétitions, au Portugal, à Cuba, en Italie, à Moorea individuellement ou e équipe.En 1967, il remporta la 8ème édition du championnat de pêche sous-marine en apnée à Cayo Avales (Cuba) grâce à un total de prise de 250 poissons sur deux journées de compétition. Un record jamais égalé jusqu’à ce jour.
Il fut également l’un des grands pionniers de la perliculture aux Tuamotu.
Jean Tapu s’en est allé le 2 février 2018 à l’âge de 88 ans.
Palmarès:
– Champion du monde individuel en 1967 (Cayo Avales) ;
– Champion du monde par équipes en 1965 (Moorea) ;
– 3e du championnat du monde individuel en 1965 (Moorea) ;
– Champion d’Europe par équipes en 1967 (Ustica (Italie)) ;
– Vice-champion d’Europe individuel en 1967 (Ustica) ;
– Champion de France par équipes en 1967 (les places en équipe de France s’obtenant uniquement en métropole).
Le 9 mars 1853, le Ministre Secrétaire d’État de la Marine et des Colonies Théodore Ducos répondit à une lettre du Commissaire Impérial aux Îles de la Société, le capitaine de vaisseau Théogène-François Page, également commandant de la Division Navale de l’Océanie.
Il est aisé de connaître la teneur de la lettre de Page, car le Ministre la reprenait point par point.
De plus, pour une bonne compréhension de la situation, nous pouvons nous appuyer sur le livre de Caroline Duriez-Toutain, Présence et perceptions Maristes à Tonga, 1840-1900.
Il s’agit en effet d’une intervention française aux îles Tonga, plus précisément dans l’île de Tongatabu, nécessitée par des événements ayant menacé des missionnaires français.
« D’après les renseignements que vous avez reçus, des événements de nature fâcheuse se seraient passés aux Îles Tonga. Un chef animé d’une rage fanatique contre la religion catholique, aurait gravement maltraité nos missionnaires, pillé et démoli leur église et leurs cases, saccagé leurs plantations. Ce furieux, non content de persécuter notre culte aux Tonga, voudrait également l’anéantir aux Îles Wallis et préparerait, dans ce but, contre ces îles, une expédition prochaine. Enfin, nos navires de commerce ne pourraient plus se présenter avec sécurité dans l’Archipel placé sous sa domination ».
Comment ces renseignements sont-ils parvenus à Tahiti ? C’est le 27 juin 1852 qu’un missionnaire de Tonga, le père Calinon, s’embarqua pour aller décrire à Page la situation de la Mission catholique. Il semble que Page, dans un premier temps, ne s’intéressa pas à cette affaire (On le soupçonnait d’anticléricalisme). Mais sur l’insistance de l’évêque Tepano Jaussen, il finit par confier au lieutenant de vaisseau Belland, commandant la corvette Moselle, une mission d’enquête sur les faits rapportés par le missionnaire. La Moselle quitta Papeete le 29 octobre 1852, à destination de Sydney en passant par Tongatabu (Messager de Tahiti n° 6 du 31 octobre 1852).
La guerre avait éclaté le 20 mars 1852. Elle dura cinq mois. Elle portait le nom de « Guerre de Péa ». Il y a polémique sur les causes immédiates de cette guerre, mais sur le fond, il s’agissait d’une rivalité entre protestants wesleyens et catholiques, le roi George étant lui-même protestant.
Les catholiques et les païens se retrouvèrent retranchés dans un fort et assiégés par le roi.
Le 16 août, les chefs acceptèrent la paix offerte par le roi. Mais celui-ci fit détruire le fort et piller la Mission.
Le roi George avait soigneusement évité qu’on s’en prenne aux missionnaires eux-mêmes. En effet, au début de la guerre, un capitaine américain de passage l’avait averti des risques de représailles de la part de la France en cas d’incidents sur leurs personnes.
Lorsqu’il arriva à Tonga, le lieutenant de vaisseau Belland était porteur d’instructions précises, que le Ministre reprenait – et approuvait – dans sa lettre : « Éviter toute apparence d’intervention armée dans les affaires purement religieuses de ces tribus incivilisées, mais montrer par la présence de notre pavillon que nul ne pourrait impunément porter atteinte aux personnes ni aux biens de nos nationaux ». Il lui était aussi fortement recommandé de ne faire usage des canons qu’avec la plus grande réserve : « Ce n’est que dans les cas d’absolue nécessité qu’il faut, dans ces mers, employer la voie des armes ». Il ajoutait qu’il fallait aussi protéger les autres établissements européens (« commerciaux ou religieux ») afin d’être « en droit, dans les circonstances analogues, de réclamer les mêmes ménagements ».
Les missionnaires catholiques furent très mécontents de la façon dont Belland mena l’enquête. Rappelant qu’il était lui-même protestant, ils écrivirent : « Ni les missionnaires français, ni aucun des catholiques de l’île n’ont assisté aux discussions ».
La Moselle fut de retour à Tahiti le 9 mars 1853 (Messager de Tahiti n° 11 du 13 mars 1853).
Le père Calinon étant revenu à Tahiti, il reprit ses démarches pour que les torts que la Mission catholique avait subis à Tongatabu soient réparés. N’étant toujours pas écouté par Page, il capta l’attention de son successeur Du Bouzet, lequel s’inquiétait des velléités du roi George de se rendre à Wallis pour y étendre son autorité. Du Bouzet se rendit à Tonga en 1855. Il reconnut la responsabilité du roi dans la guerre de Péa et conclut avec lui une convention accordant la liberté de culte aux catholiques.
Cet accord allait dans la droite ligne des recommandations du Ministre : « Le Gouvernement ne peut, à aucun point de vue, rester indifférent aux efforts de ces hommes de foi et d’abnégation qui sont les véritables représentants de notre nationalité en Océanie ».