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Ce dossier comprend :

  • – une demande manuscrite d’autorisation de faire venir un cirque à Tahiti ;
  • – une lettre (brouillon) du Gouverneur au Maire de Papeete ;
  • – une lettre du Président de la Chambre de Commerce accompagnée de l’avis des membres de celle-ci ;
  • – une réponse du Gouverneur au propriétaire du cirque.

    Au début du mois de mars 1909, le Gouverneur Joseph François reçoit une lettre datée du 18 février en provenance de Nouvelle-Zélande, ainsi rédigée :

  • « Monsieur,
  • Excusez-moi si je prends la liberté de vous écrire les quelques lignes ci-dessus.
  • Je vais vous dire en deux mots ce qu’il en ai.
  • Nous tiendrions à venir à Tahiti pour le 14 Juillet, si vous étiez assez bon de nous accordez l’autorisation.
  • Nous avons un cirque, nous ferions de très belles performances et nous tiendrions à vous rendre visite pour le 14 Juillet, et je pense que vous serez très satisfait.
  • Si vous m’accordez l’autorisation soyez assez bon de m’envoyez la réponse.
  • Voici l’adresse : Rollo / 13 Pitt-Terrace / Pitt-Street / Auckland
  • Votre très affecté et dévoué serviteur
  • Rollo ».

    Je n’ai pas trouvé la trace d’un cirque Rollo, seulement celle d’un fameux équilibriste du nom de Rollo qui se produit en Nouvelle-Zélande en 1909. Cette demande ressemble à une première approche, aucun détail n’étant fourni. Elle semble avoir été transmise au Chef de la Colonie par l’intermédiaire de « M. le Consul de sa Majesté Britannique ». Le Gouverneur (Joseph François) la communique au Maire de Papeete. Il l’a aussi envoyée au Président de la Chambre de Commerce Victor Raoulx qui lui répond le 22 mars en joignant à sa lettre un sondage effectué auprès des membres de la Chambre. Il en ressort que cette institution n’est pas favorable à la venue d’un cirque. Il est rappelé qu’une demande identique, émanant « d’une troupe de saltimbanques », avait été rejetée en 1905. « Les motifs du refus de 1905 existent toujours », écrit l’un des sondés.

    Ces quatre motifs sont rappelés. Trois sont d’ordre économique :

  • – Il n’est pas question d’exonérer de taxes le matériel entrant sur le territoire.
  • – Cette troupe causera un préjudice « aux barraques foraines de nos petits commerçants ».
  • – De l’argent quittera la Colonie, laquelle de son côté n’aura tiré aucun profit.
  • – Le dernier motif anticipe une éventuelle mauvaise conduite de la jeunesse tahitienne qui sera « incitée au vol, pour avoir de l’argent ».

    Le Gouverneur fait répondre à M. Rollo que les recettes qu’il pourra retirer de son spectacle seront insuffisantes pour couvrir les frais qu’il énumère : transport, patente (300 frs), location de terrain, etc. « Je ne puis que vous engager à renoncer à votre projet qui me paraît voué à un échec certain. »

    Les raisons invoquées correspondent à de réelles préoccupations. Cependant, avec du recul, on peut penser qu’une occasion d’ouverture sur le monde a été manquée. Les colons sont frileux.

    Cirque 1909 1
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  • icone_encre_couleurs-en-coursCe document comprend trois photographies correspondant aux cinq pages d’une lettre conservée aux Archives Nationales d’Outre-Mer (ANOM), sous la référence Océanie A118 C90. Le thème est celui des relations entre la Marine et la Mission catholique.

    En 1881, le contre-amiral Charles-Paul Brossard de Corbigny (1822-1900) est commandant en chef de la Division navale du Pacifique. Il arbore son pavillon sur le cuirassé Triomphante (en service de 1869 à 1903, double propulsion voile/vapeur ) Le ministre de la Marine et des Colonies est Georges Cloué, officier de marine qui connaît bien l’Océanie.

    La marine française y est très présente à cette période. Le Roi Pomare V a donné ses États à la France et les Marquises ont été « pacifiées » l’année précédente. Une administration nouvelle se met en place.

    C’est, pour la Mission catholique, une période difficile. La « concurrence » avec les pasteurs protestants est vive. La République ayant ouvertement affirmé son idéal laïque, elle pense qu’elle ne peut plus compter sur une certaine bienveillance des autorités nationales. Il s’ensuit un état permanent de méfiance, qui se retrouve dans des détails qui peuvent nous paraître mesquins, telle cette affaire protocolaire que le contre-amiral rapporte au Ministre, en souhaitant que des instructions précises lui soient données.

    L’évêque de Tahiti, Monseigneur d’Axiéri (connu sous le nom de Tepano Jaussen), n’est pas venu saluer le contre-amiral faisant escale pour la première fois à Papeete, comme le veut le protocole. Leurs relations ne peuvent donc pas être officielles, ce qui ne les empêche pas de se rencontrer fort courtoisement à plusieurs reprises, l’officier ayant besoin de renseignements que l’évêque peut lui fournir. Ce dernier finit par se faire inviter à bord, ce qui fait dire au Ministre, dans une note en marge, qu’à son insu, de Corbigny s’est fait manipuler.

    Autre souci pour le contre-amiral : il s’est cru obligé, à Taiohae, d’aller saluer en premier (avant la Reine) l’évêque des Marquises, Mgr Dordillon, « parce qu’il fallait passer devant sa demeure pour aller chez la Reine et qu’il posséde d’ailleurs dans le pays une situation morale des plus méritées».

    Le Ministre note que les prétentions honorifiques des évêques est exagérée, en particulier en ce qui concerne les coups de canon pour les saluer : « Voir le rapport que j’ai adressé en 1869 (je crois) et à la suite duquel le salut de 7 coups a été présenté comme pouvant être fait. L’évêque avait quinze coups, ce qui est ridicule, et il veut encore quinze coups. Il faut revenir au chiffre réglementaire» .

    Le ministre était venu dans les É.F.O. en 1869 précisément, pour régler les problèmes impliquant les missionnaires catholiques aux Gambier et aux Marquises, et il n’était pas tendre envers ces derniers.

    De Corbigny, qui va prendre sa retraite en cette année 1881, s’est montré conciliant, ce qui a dû énerver Cloué… qui était de confession protestante.

    Instructions 1881 1
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    Instructions 1881 3
    Instructions 1881 4
    Instructions 1881 5

    1- Renseignements sur ce navire : Wikipédia, site intitulé : « Classe La Galissonnière (cuirassé) ».

    2- Axiéri : nom d’un ancien diocèse disparu. L’évêque à qui est attribué un tel diocèse (il y en aurait 2000) était qualifié, jusqu’en 1882, d’évêque in partibus infidelium (“en pays des infidèles”). À Tahiti, l’évêque de l’époque est à la tête d’un vicariat apostolique, c’est-à-dire une région en voie de christianisation, en attendant de devenir évêché.

    3- La reine Vaekehu.

    4- Dans le Code des préséances et des honneurs civils, militaires, maritimes, ecclésiastiques et funèbres (Paris, 1845), il est écrit que pour les archevêques et évêques, il sera tiré cinq coups de canon.

    Ce document est une feuille jaunie de 20,8×26,8 cm, pliée en deux, donnant quatre pages manuscrites. Le Roi Pomare V, après 1016 jours de règne, a cédé ses États à la France, le 29 juin 1880.

    Il continue d’être honoré comme souverain, et pour ses déplacements en dehors de Tahiti, la République française met à sa disposition un des bâtiments de guerre sur rade, en l’occurrence l’aviso à vapeur le Volage. Dans le JO des ÉFO du 3 janvier 1884, on lit : « 27 décembre. Aviso à vapeur français Volage, commandé par M. Ingouff, lieutenant de vaisseau, all. à Borabora, ayant à son bord S.M. Pomare V et sa suite.» Il est de retour le 11 janvier, apportant au gouverneur Morau la lettre du Roi. Il repart le 1er mars à destination de Borabora. Il est de retour le 6 mars avec : « passag., S.M. Pomare V, S.M. la Reine de Borabora, le prince Hinoi son mari, et 71 indigènes. » (JO des ÉFO du 13 mars). Le voyage, tant à l’aller qu’au retour, s’est effectué en 1 jour.

    La raison de ce déplacement royal est le mariage du neveu du Roi, le prince Hinoi (15 ans), avec Teriimaevarua (13 ans), Reine de Bora Bora.

    Hinoi (1869-1916), plus exactement Teriihinoitua, est le fils de Joinville Pomare, lui-même fils de la Reine Pomare IV. Joinville (Teriitua Tuavira, 1847-1875) a épousé en 1868 Isabelle Vahinetua Shaw (1850-1918), fille naturelle d’un commerçant anglais, William Shaw, et d’une femme de Moorea, Teina Tohi, et à laquelle le contrat de mariage (sur la demande de la Reine Pomare IV) attribue le titre de princesse. À la mort de son époux, la princesse Isabelle va vivre en concubinage avec son beau-frère Pomare V.

    Teriimaevarua (1871-1932) que le prince Hinoi va épouser est la nièce de Teriimaevarua Pomare (1841-1873). Cette dernière est l’unique fille de la Reine Pomare IV et de Ariifaaite a Hiro ; elle a été adoptée par le Roi Tapoa (1800-1860), premier époux de Pomare IV. Elle devient Reine de Bora Bora à la mort de son père adoptif. N’ayant pas d’enfant, elle adopte à sa naissance en 1871 sa nièce, fille de son frère Tamatoa V. Celle-ci devient Reine de Bora Bora en 1873, jusqu’en 1895 (date de son abdication).

    Ce voyage est une véritable expédition. La famille et la suite du Roi comportent plusieurs dizaines de personnes (plus de soixante-dix au voyage de retour). Ils n’arrivent pas les mains vides, mais en quantité insuffisante ; dans sa lettre du 10 janvier, le Roi précise : « Les vivres que j’ai apportés avec moi sont presque épuisés et je suis forcé d’écrire à Papeete pour renouveler mes provisions ».

    Pomare V semble être dans les meilleurs termes avec le représentant de la France : « Mon cher Monsieur le Gouverneur », « Toute ma famille vous présente ses meilleurs compliments », « Tout à vous d’amitié». Il est très satisfait de l’attention dont il a été l’objet de la part du commandant du navire. Après les fêtes, il compte se rendre à Maupiti, sans doute pour raccompagner ceux qui sont venus au mariage (et dont la venue avait retardé la date de la cérémonie) ; il restera dans cette île environ un mois, avant de faire rappeler le Volage pour revenir à Tahiti. Ce déplacement à Bora-Bora est dans la pure tradition des contacts qui ont toujours existé entre les Pomare et les souverains des Îles Sous-le-Vent.

    1884 01 10 1 Lettre Du Roi Pomare À Monsieur Le Gouverneur
    1884 01 10 2 Lettre Du Roi Pomare À Monsieur Le Gouverneur
    1884 01 10 3 Lettre Du Roi Pomare À Monsieur Le Gouverneur

    Au début de l’année 1905, l’administration de la colonie envisage la construction d’une école publique à Tautira. (Rappelons qu’en France, nous sommes en période de laïcisation de l’État, à la veille de la loi de séparation.)

    Le dossier commence avec une lettre de l’instituteur de Tautira M. Hélie adressée au Receveur de l’Enregistrement. À la demande de ce dernier, il dresse la liste « des propriétaires du village de Tautira et des environs », en précisant que cette liste n’est peut-être pas exacte, et « qu’il se pourrait que d’autres personnes revendiquent la propriété de ces terres ». Sur les sept personnes mentionnées, on trouve en tête le prince Hinoi et la Reine Marau, plus trois personnes de Papeete, une de Huahine et une de Tautira. Ce sont les propriétaires de terres dites fariihau ou d’apanage. Elles appartiennent à la famille royale.

    Le casse-tête de la propriété des terres a débuté au milieu du XIXème siècle. « La loi tahitienne du 24 mars 1852 donnait obligation aux natifs des Îles du Vent de déclarer leurs terres par une procédure de revendication de terres, les terres privées étant inscrites dans un registre public par une commission de cinq membres, après assentiment de l’assemblée du district, avec le nom de la terre, les limites et la contenance approximatives, le nom du ou des propriétaires déclarants. Le registre, écrit en tahitien, était déposé à la Haute cour de justice tahitienne, un double en français était déposé au Service des domaines. Les déclarations furent établies sans contrôle d’État civil, sans contrôle des limites, sans contrôle des dimensions ».

    Les terres d’apanage, sur lesquels étaient édifiées des chefferies, les temples, les églises et les écoles, furent inscrites sur un registre particulier. « Les terres Farii Hau ne sont pas la propriété du Gouvernement français : elles sont destinées à assurer aux chefs de district et à leur famille des moyens d’existence en rapport avec leur position élevée»[1].

    Par la suite, l’État a souhaité que ces terres d’apanage reviennent à la collectivité. Mais la famille royale et les grandes familles de chefs tiennent bon. Le décret du 24 août 1887[2] consacre leur victoire en stipulant à l’article 10 : « Toutefois, vu l’usage auquel les lois tahitiennes ont de tout temps destiné ces terres, les portions de terrains sur lesquelles sont présentement construits des bâtiments appartenant à la colonie et aux districts, tels que : chefferie, temple, église, maison d’école, ainsi qu’une zone environnante égale au double de la superficie occupée par les bâtiments restent la propriété de la colonie ou des districts ».

    Les autres documents du dossier sont datés du mois d’août. Ce sont des échanges de courriers entre le Gouverneur et le défenseur (avocat) Léonce Brault. Ce dernier, agissant au nom des sept personnes mentionnées plus haut, expose au Chef de la Colonie la situation suivante : à Tautira, sur des terres farii hau, l’administration locale détient sans droit une parcelle de ces terres et « après y avoir édifié autrefois un poste de gendarmerie, se dispose maintenant à y construire l’école du district ». Cette circonstance faisant obstacle à une opération de partage de terres entamée par ses clients, le défenseur demande « de bien vouloir me faire connaître si votre administration est disposée à délaisser purement et simplement lesdites parcelles de terre, ou bien si, préférant en conserver la jouissance, elle accepterait de traiter avec mes clients par vente, échange ou location ». Le Gouverneur souhaite alors s’entretenir en tête à tête avec lui.

    Il va en résulter un compromis satisfaisant pour les deux parties.

    Dans une lettre datée du 24 août, Léonce Brault annonce que les propriétaires « renonçant à poursuivre contre l’administration locale la revendication […] me chargent aujourd’hui de vous informer qu’ils abandonnent, dès maintenant, à titre gratuit, en toute propriété, au district de Tautira, la parcelle de terre qui lui est nécessaire pour l’édification d’une école et le logement de l’instituteur ».

    Le 28 août, une dernière lettre du défenseur reprend l’annonce de celle du 24 août, avec trois précisions. D’une part, l’accord est conclu « dans les termes et limites de l’article 10, paragraphe 3 du décret du 24 août 1887 ». D’autre part, ses clients « sont heureux d’affirmer ainsi l’intérêt qu’ils portent au district de Tautira ». Enfin, pour confirmer ce geste noble, en bas et à gauche de la lettre apparaît la mention « Lu et approuvé », avec la signature Marau Taaroa Salmon.[3]

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    [1] D’après Tinai Dussaud Tumahai, Les propriétés de la terre en Polynésie , 2011, Internet.

    [2] JO des ÉFO n°52 des 29 et 30 décembre 1887.

    [3] Voir également Archipol n°2 La question foncière à Tahiti (1842-1929), Papeete, 1999.

    La réalisation du « palais de la Reine » s’est poursuivie sur 24 années, de 1859 à 1883. La Reine, décédée en 1877, n’a donc jamais habité dans cette construction qu’elle avait initiée.

    Dans les années 70, elle est de plus en plus préoccupée par la lenteur des travaux. Ce qu’elle appelle « mon palais », ou bien « ma maison » a un aspect extérieur qui pourrait faire penser que l’immeuble est quasiment terminé. Mais en fait, l’intérieur est inachevé, et ce qui est réalisé se dégrade faute d’occupation et d’entretien.

    Le 3 décembre 1874, elle écrit au Commandant Commissaire de la République d’une part pour savoir quelle somme, récoltée auprès des contribuables, sert à la poursuite des travaux, et d’autre part pour qu’il fasse « activer les ouvriers ». Cette lettre est une feuille de format 19,5×24,8 cm qui a été pliée en quatre pour l’envoi. Le recto porte l’adresse : « Na te Tomana te auaha o te Repupirita / Papeete ». Au verso, chaque page est séparée en deux colonnes, à droite en tahitien, à gauche en français (avec mention : « Pour traduction conforme, L’interprète Letourneau »).

    Le Commandant Gilbert-Pierre ne répond pas immédiatement. Il prend ses renseignements auprès du Directeur des Affaires Indigènes et du Directeur des Ponts et Chaussées.

    Dans une note de trois pages du 9 décembre 1874, ce dernier fait l’historique de l’entreprise. De 1859 à 1865, 90 000 francs ont été dépensés. Il n’est pas certain que cette somme ait servi uniquement à la construction du palais. Les travaux ont repris en 1874, avec un financement de 29000 francs. Il s’est surtout agi de travaux de remise en état.

    Au début de 1875, un événement d’importance va donner un nouveau coup d’accélérateur : c’est le mariage du prince héritier Ariiaue avec la jeune Marau, 14 ans, fille cadette de Ariitaimai Salmon. Les travaux réalisés à la hâte, pour environ 10 000 francs, sont « du provisoire » : nettoyage des abords, peinture, pose d’escaliers provisoires donnant accès sur la véranda pendant les fêtes, et installation d’une cuisine, »sans que cela puisse profiter en rien à l’édification du palais ».

    La réponse de Gilbert-Pierre à Pomare IV est datée du 13 février 1875. Le document conservé en est le brouillon. C’est un feuillet de 4 pages 20,2×30,6 cm. Les deux premières pages sont divisées en deux colonnes et le texte figure dans les colonnes de gauche. Il est précisé qu’une copie de la situation des recouvrements opérés et à opérer, ainsi que des travaux exécutés et restant à exécuter est jointe à ce pli. Si la Reine a dû « être satisfaite des travaux qui ont été terminés dans le rez-de-chaussée du palais pour le mariage du prince Ariiaue », elle ne doit pas oublier que la situation présente un déficit de 7 742,29 francs, et que les travaux ne pourront se poursuivre que s’il y a des fonds disponibles. Si le financement se concrétise, le Commandant assure que le palais pourra être achevé avant la fin de l’année.

    Mais la Reine est fatiguée ; son entourage dépense sans compter. La priorité n’est plus au palais.

    C’est Ariiaue qui recevra les clés du palais, des mains du Gouverneur de la colonie, le 21 juin 1883.

    1874 12 03 Pomare IV À Commandant P1
    1874 12 03 Pomare IV À Commandant P2
    1874 12 03 Ab1 Commandant À Directeur Affaires Indigènes 1
    1874 12 03 Ab2 Commandantà Directeur Affaires Indigènes
    1874 12 08 A Commandant À Directeur Ponts & Chaussées
    1874 12 08 B Commandant À Directeur Ponts & Chaussées
    1874 12 09 A Dr Ponts & Chaussées À Com
    1874 12 09 B Dr Ponts & Chaussées À Com
    1874 12 09 C Dr Ponts & Chaussées À Com
    1875 02 13 1 Lettre Du Commandant
    1875 02 13 2 Lettre Du Commandant

    Cette lettre est dactylographiée recto-verso sur les deux premières pages d’un feuillet de quatre pages, chacune de dimensions 21,7×28,1 cm. La première page est à en-tête. Il s’agit de la copie conforme d’une lettre écrite le 18 novembre 1902 adressée au maire de Papeete François Cardella (1838-1917). Cette copie fut rédigée au moins huit ans après l’original, car l’année pré-imprimée comporte un 1 à la place des dizaines.

    Elle nous apprend que Cardella était franc-maçon dans cette loge depuis le 30 décembre 1868.

    Cardella était arrivé dans le royaume de la Reine Pomare le 14 février 1866. La seule loge maçonnique existant alors s’appelait « Océanie française ».

    Or, d’une part, cette loge ferma ses portes au début de l’année 1869, et d’autre part la loge « L’Océanie française » débuta officiellement en mars 1903. Cela semble signifier que, pendant 34 ans, les nombreux frères vivant en Océanie orientale pratiquaient leur maçonnerie en dehors d’une structure connue en métropole. Ils avaient un lieu de rendez-vous : on lit dans le JO des ÉFO, en 1889, que la société La Fraternelle se réunissait « au temple maçonnique, rue des Beaux-Arts ». Le nom de la loge fut à peine modifié. C’est le médecin Charles Albert Chassaniol (1843-1927), familier de la Reine Marau, qui signa (à l’encre bleue) cette lettre, en tant que vénérable.

    C’était une lettre de soutien que « les membres de la loge maçonnique » adressèrent au maire à la suite des ennuis qu’il rencontra en 1902.

    Le 23 août 1902, en effet, le gouverneur Petit l’avait suspendu, pour trois mois, de ses fonctions de maire, sans préciser les motifs. Il en fut fait mention officiellement longtemps après, dans le JO des ÉFO du 25 juin 1903 : « Considérant que le sieur Cardella, conseiller général sortant, n’était pas candidat, il n’en a pas moins adressé, le 21 août 1902 [la veille des élections pour le renouvellement des membres du Conseil général], aux électeurs de la première circonscription, une proclamation dont la violence a amené sa suspension comme maire […]» ». L’argumentation était bien mince. Précisons que le gouverneur Petit avait, selon les francs-maçons de l’époque, une femme « bigote fanatique », et il faisait tout pour lui plaire ainsi qu’aux « cléricaux catholiques acharnés à contrecarrer la fondation d’une loge maçonnique à Papeete ». Cardella avait été, comme il est rappelé à la fin de la lettre, un précurseur pour la laïcité, avec Victor Raoulx et Paul-Georges Martiny, tous les trois fondateurs en 1884 du journal politique hebdomadaire Le Messager de Tahiti.

    Le 7 octobre, par décret, il fut révoqué définitivement. (C’est peu après que la lettre a été écrite.) Le 2 décembre, c’est Langomazino qui fut élu, mais il se considéra comme maire provisoire. D’ailleurs, il démissionna le 9 octobre 1903 et le 28 octobre, Cardella fut à nouveau élu maire de Papeete, fonction qu’il allait occuper jusqu’à sa mort en 1917.

    Cette décision gubernatoriale était qualifiée « d’inique ». Elle « est digne d’un gouvernement autocratique et despotique et non d’une République libérale ». Et c’est un fait que le gouverneur était tout-puissant. La démocratie pratiquée en métropole était lettre morte dans la colonie.

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    Cette lettre de la Reine Pomare et sa traduction ont été achetées sur un site Internet en 2013 par la Société des Études océaniennes, pour être ensuite cédée au S.P.A.A. Sa version française était parue en 1944, dans le n°71 du bulletin de la S.E.O., avec d’autres documents qu’un descendant de l’amiral Bruat avait prêtés au capitaine de corvette Jean Cottez. Il semble que ces documents aient été vendus, et c’est ainsi que cette lettre s’est retrouvée mise aux enchères par un collectionneur suisse. Elle a fait l’objet d’un court article dans le B.S.E.O. n°329 de septembre 2013.

    Ce document comporte 2 feuilles manuscrites. La première est une feuille de 25,7×41,5 cm, pliée en deux. Le texte manuscrit en tahitien figure sur les pages 1 et 2 ; il n’y a rien sur les pages 3 et 4. L’ensemble porte des traces de pliures pour obtenir un format 10,5×12,8 cm.

    Sur la seconde (21×27 cm) est écrite la traduction en français. En haut à droite, quelqu’un (?) a écrit : « copie de la main de l’amiral Bruat ».

    Dans l’angle supérieur gauche figurent en relief les lettres A et B (en gothiques) surmontées d’une couronne

    Comme pour toutes les « lettres de la Reine Pomare », il est fort probable qu’il n’y ait que la signature au bas du texte en tahitien (Pomare Arii) qui soit de la main de la Reine.

    La guerre coloniale prend fin le 1er janvier 1847. La Reine est alors encore en exil volontaire à Raiatea. Elle n’est donc pas présente quand Bruat, ayant souhaité que la paix revenue soit honorable pour tous, fait organiser des festivités de réconciliation. Devant l’absence de la Reine, il envisage de procéder à l’annexion, mais il apprend par Ariitaimai (épouse d’Alexandre Salmon, amie et confidente de la souveraine) qu’elle souhaite revenir à Tahiti parce que les nouvelles reçues du pays la tourmentent beaucoup. Bruat autorise Ariitaimai à aller la chercher, avec le vapeur Phaéton. Elles arrivent à Moorea le 4 février. Bruat a compris que Pomare serait sensible aux formes extérieures de déférence, aussi, dès sa première entrevue, met-il trois fois un genou à terre pour lui rendre hommage. Le 9 février, ils traversent tous deux le chenal. Après avoir fait le tour de la rade pour q

    ue tous voient qu’elle est bien à bord, le contre-amiral lui fait rendre tous les honneurs à son arrivée à Papeete : troupes en grande tenue, haie d’honneur, musique militaire, 21 coups de canon, présence des officiers, des chefs de service, des commandants des bâtiments, du Régent et des principaux chefs. Au mât du Phaéton flotte le drapeau du protectorat.

    Elle reçoit l’hospitalité du gouverneur et de Madame Bruat. Elle se rend compte que Bruat est différent des portraits que les Anglais ont brossé de lui pendant son temps d’exil : c’est un homme de belle prestance et d’humeur joyeuse, qui va devenir un véritable ami, chez qui elle viendra prendre le thé en voisine …

    Mais à Paris, on a considéré que les hostilités ont trop traîné en longueur, et le rappel de Bruat a été décidé depuis le 6 septembre 1846. Celui-ci va quitter Tahiti le 31 mai 1847 alors que son successeur, le capitaine de vaisseau Lavaud est arrivé le 21 du même mois.

    C’est donc la veille de son départ que la Reine lui adresse cette lettre, répondant à l’invitation qui lui a été faite de dresser une liste de cadeaux qu’il lui serait agréable de recevoir de la part du gouvernement français et de son Roi Louis-Philippe. Elle demande de la vaisselle, de l’ameublement, de la décoration d’intérieur, du matériel de cuisine, des étoffes, des bijoux, une couronne d’or ; elle n’oublie pas son mari pour qui elle demande des épaulettes, et pour deux de ses fils, de jolis habits militaires.

    Pomare IV avait pris l’habitude, dans les années 20 et 30, de recevoir des cadeaux à chaque passage de navires anglais ; les Français vont continuer cette tradition.

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    Ce livre de format 12×18,5cm paraît en 1772. Il contient 550 pages et se compose de deux parties :

    • 1ère partie – pages numérotées de 1 à 250 : épitre au Roi (1 à 6), discours préliminaire (7 à 28), Voyage autour du monde 1ère partie contenant depuis le départ de France jusqu’à la sortie du détroit de Magellan (29 à 220), table des matières (221 à 226), explication des termes de marine (227 à 250)
    • 2ème partie – pages numérotées de 1 à 300 : Voyage autour du monde 2nde partie contenant depuis l’entrée dans la mer occidentale, jusqu’au retour en France (1 à 267), vocabulaire de l’isle Taiti (268 à 283), observations (284 à 289), table des matières (290 à 297), avis de l’éditeur (publicité, 298 à 300).

    Après la défaite de la France au Canada (et la perte de Terre-Neuve), Bougainville propose au ministre Choiseul un plan d’exploration des terres Australes, comportant l’établissement d’un entrepôt aux îles Malouines, archipel connu depuis longtemps des marins de Saint-Malo qui l’ont ainsi baptisé. Ces îles doivent servir de base à l’exploration de l’Océan Atlantique vers l’Est, puis, si on ne trouve rien, vers l’Ouest, au-delà du Cap Horn. En 1763, Bougainville reçoit pour mission d’établir une colonie de peuplement aux Malouines. Il effectue deux voyages, installant 75 personnes. Mais l’Espagne proteste énergiquement, car elle revendique la propriété de ces îles au nom du traité de Tordesillas ! Choiseul cède et en 1766, Bougainville est chargé de procéder sur place à la remise de l’archipel aux Espagnols. De plus, Choiseul lui donne pour mission de poursuivre sa route vers l’Ouest, pour reconnaître les terres australes dans le Pacifique, puis les Moluques (pour les épices) ; il recherchera une île proche des côtes de Chine pouvant servir d’entrepôt à la Compagnie des Indes, fera une escale finale à l’île de France (pour savoir si la guerre n’est pas déclarée), puis rejoindra la France par le Cap de Bonne-Espérance.

    L’ouvrage commence par un Discours préliminaire : « Énumération de tous les voyages exécutés autour du monde, et des différentes découvertes faites jusqu’à ce jour dans la mer du Sud ou Pacifique ». Cela part du voyage de Magellan (1519) jusqu’aux voyages de Dampierre (Dampier) (1701).

    La première partie comporte quatre chapitres :

    • Nantes (1er départ le 15/11/1766, 2ème départ de Brest le 05/12 suite à des avaries causées par une tempête) – Montevidéo – Malouines / jonction avec les Espagnols pour la remise de l’archipel.
    • Malouines – Rio de Janeiro – jonction de La Boudeuse avec L’Étoile
    • Rio de Janeiro – Montevideo – Missions du Paraguay
    • Montevidéo – Détroit de Magellan dont il sort en janvier 1768.

    La deuxième partie comporte sept chapitres :

    • Détroit de Magellan – Archipel dangereux (Tuamotu) – Tahiti
    • Séjour à Tahiti
    • Tahiti – nouvelles îles (Samoa) – Grandes Cyclades (Nouvelles-Hébrides)
    • Grandes Cyclades – Nouvelle-Bretagne (île de Papouasie-Nelle Guinée)
    • Port de Praslin (dans l’île Santa Isabel, aux Salomon) – Moluques – Boëro (Buru)
    • Boëro – Batavia (Jakarta)
    • Batavia – île de France (Mauritius) – Cap de Bonne Espérance – Ascension – Saint-Malo.

    Bougainville termine ainsi son récit : « J’y entrai [à Saint-Malo] le 16 [mars 1768] après-midi, n’ayant perdu que sept hommes pendant deux ans et quatre mois écoulés depuis notre sortie de Nantes» .

    À la fin du livre prennent place un vocabulaire et des observations sur l’articulation [la prononciation] de l’insulaire de la mer du Sud. Il s’agit d’Aotourou, Tahitien amené en France par Bougainville (observations faites par M. Pereire).

    Ce tour du monde n’a quasiment rien rapporté au royaume de France. Cependant, la « découverte » de Tahiti (où Wallis est passé en juin 1767), avec le récit qui en est fait, demeure l’évènement de cette deuxième moitié du XVIIIè siècle, le siècle des Lumières qui a cru rencontrer dans cette « Nouvelle-Cythère » l’homme « à l’état de nature » tant célébré par les philosophes …

    Le Feï est un journal de dimensions 21,5×29,3 qui parut à Papeete du 25 août 1919 au 18 avril 1921.

    En manchette on trouve :

    – la date, le numéro et le prix ;

    – une image : du numéro 1 au numéro 5, ce sont deux bananiers fei, un grand et un petit ; ensuite, c’est un homme vêtu d’un pareu et d’un chapeau, porteur de deux régimes attachés à un solide rondin posé sur l’épaule gauche, maintenu de la main gauche, et la main droite posée sur la hanche droite ;

    – le titre Le Feï, avec au-dessous : Bulletin bimensuel des Intérêts économiques des Établissements français de l’Océanie ;

    – le prix de l’abonnement (demi-tarif pour “Les Soldats de la grande Guerre ») et le prix des annonces ;

    – en exergue : “Par le bon sens – Par la bonne foi – Par la bonne volonté ».

    La collection presque complète (il manque le n°21 du 17 mai 1920) est reliée sous une solide couverture cartonnée. Les trois côtés ouverts de ce volume sont carbonisés. L’explication de cet état est donnée dans la dédicace inscrite sur la deuxième de couverture : « À Bengt Danielsson qui a sauvé de l’incendie du petit fare en juillet 1981 une partie de ma bibliothèque tahitienne. Avec toute ma reconnaissance et bien amicalement. (signé) Pierre Jourdain[1] 31 octobre 1981 ».

    Les pages ne sont pas numérotées. Il y en a 540.

    Du n°1 au n°10 sont mentionnés deux noms : L. Pécastaing, rédacteur-fondateur et L. Juventin, gérant ; à partir du n°11, un seul nom : Tinau, gérant.

    Le choix du mot fei est expliqué dans l’éditorial du n°1 intitulé “nos idées” : « Joyau de l’opulence nourricière et spontanée de Tahiti“, « emblème du pays, symbole de la facilité et de la simplicité d’existence, de la confiance en la certitude du lendemain qui dominent ici les actes et les sentiments». « Aimer le feï, c’est aimer Tahiti ».

    Le rédacteur affirme vouloir se démarquer « des allures pamphlétaires qui ont presque toujours caractérisé la presse locale […] La vie moderne exige un journal, non pas de combat, mais d’affaires ». Il souhaite une « fusion plus intime des éléments indigènes et des éléments d’apport ».

    Les sujets abordés dans ce périodique sont variés. En voici pêle-mêle une liste non exhaustive : la vie tahitienne (informations, chronique locale), la mercuriale de Papeete, la navigation, la rubrique nécrologique, des poésies, “Tahiti vu du dehors“, des réflexions politiques, le change monétaire, l’agriculture (« nos cocotiers », la vanille, l’apiculture…), la circulation et l’état des routes, les rôle des Poilus, le port de Papeete, les archipels, la plonge, des charges contre les Chinois, le village de ségrégation d’Orofara, des anecdotes historiques, des comptes rendus de manifestations (conseil municipal…), du courrier, le tourisme, l’enseignement. Il y a un article en tahitien par numéro et une « english column »..

    Une place importante est accordée à la publicité.

    Dans le recueil conservé au S.P.A.A. se trouvent deux feuilles encartées consacrées à « Nos glorieux Tahitiens », tel Théodore Coppenrath, “tué à l’ennemi le 27 août 1917” (14/06/1920). Dans un dossier des archives coté 41W31 se trouve un autre encart « Souscrivez à l’emprunt» avec le portrait du Gouverneur p.i. Jocelyn Robert, suivi d’un appel à la générosité de la population (08/03/1920)[2].

    Mais Louis Pécastaing n’échappe pas à la mesquinerie ambiante ni aux polémiques.

    Dans son n°41 du 7 mars 1921, il s’en prend au secrétaire-rédacteur de la Chambre de Commerce de Papeete qui a tardé à lui transmettre un Communiqué qu’il publie, en le faisant précéder de remarques peu diplomatiques : Ce retard “est le fait de l’inexplicable négligence du secrétaire rédacteur de ladite assemblée. Nous disons inexplicable pour ne pas dire intentionnelle, car le fait s’est déjà produit pour des communiqués du Conseil Municipal et de la Chambre d’Agriculture, dont il est aussi le scribe omniprésent. Si ce Monsieur avec lequel nous n’avons jamais eu le moindre rapport n’aime pas le Fei (ce qui est son droit), il doit néanmoins suivre les instructions qui lui sont données […] Il élague singulièrement dans ses comptes rendus les paroles de certains, tandis qu’il s’étend copieusement sur ce que dit un autre. Si donc il tient à conserver ses triples fonctions, qu’il veuille bien se contenter de les remplir à la satisfaction des intéressés et … du public.” L’intéressé (nous dit O’Reilly[3])), M. Malinowski, s’est jugé offensé et le provoque en duel. Pécastaing refuse cet affrontement.

    Dans le n°42 du 21 mars, il règle ses comptes également avec Constant Deflesselle, notable de Papeete qui vient de faire paraître, le même mois, un nouveau journal : L’Écho de Tahiti (mensuel, puis bimensuel, qui durera un peu plus d’un an). Dans l’éditorial, il écrit : « Un confrère surgit, parce que nous n’avons pas voulu nous plier à des phobies et des théories que nous estimons absolument déplacées dans une petite colonie comme la nôtre où si peu d’éléments peuvent les comprendre et les discuter». Qu’a écrit Constant Deflesselle dans son éditirial du n°1 ? « Un seul journal paraissait jusqu’ici à Papeete et les personnes étrangères à Tahiti pouvaient croire que ce journal représentait l’opinion publique unanime ; or on sait à Tahiti qu’il n’en est rien. D’autre part, les Tahitiens voyaient avec regret ce même journal exposer des théories qui n’étaient pas les leurs, couvrir de fleurs des actes administratifs pas toujours exempts de reproches, faire concurrence au Journal Officiel pour distribuer des félicitations pas toujours méritées».

    Plus loin, il semble qu’un article de l’Écho de Tahiti ait mis en cause le patriotisme de Pécastaing. Ce dernier affirme qu’il est « né de parents français, nés l’un en France, l’autre dans un consulat français, issus eux-mêmes de parents français, nés en France, et ainsi de suite, j’ai préparé l’École Polytechnique aux frais du Gouvernement français (Bourse nationale) […]»[4]

    Mais ensuite, il fait référence à une décision parue au JO des ÉFO[5] dans laquelle était acceptée sa “démission de Soldat Français“. Or cette décision du Gouverneur fait référence à une lettre où il écrit qu’il est Espagnol, de parents espagnols… ?

    Dans le dernier numéro (44), un petit encart signale la fin de la parution du Feï.

    C’est encore Deflesselle qui écrit alors : « Un confrère vient de s’éteindre», ajoutant « il est mort de dépit, d’amertume et de fiel en hoquetant des imprécations contre le crétinisme et l’imbécilité de ses contemporains».[6]

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    [1] Pierre Jourdain, 1901-1983, Capitaine de vaisseau, auteur d’ouvrages et d’aricles sur l’Océanie.

    [2] Voir B.S.E.O. n° 338.

    [3] O’Reilly, Bibliographie de Tahiti, Paris, 1967.

    [4] Ces affirmations contredisent ce qu’écrit O’Reilly, le présentant comme étant “d’origine suisse” (Bibliographie de Tahiti, Paris, 1967).

    [5] JO des ÉFO n° du 1er juin 1915, page 269.

    [6] Cité par O’reilly, op.cit.

    Ces deux documents sont insérés dans le recueil, pour l’année 1845, de la correspondance que le Ministre de la Marine et des Colonies, le baron de Mackau, adresse au nom du Roi Louis-Philippe au Gouverneur Armand Bruat à Tahiti.

    Ils sont datés du 15 février 1845.

    Dans le premier, le Ministre annonce que le Roi, ayant eu sous les yeux « les demandes que vous m’avez adressées en faveur des officiers et autres qui se sont distingués dans les combats qui ont été livrés à Taïti du 20 mars au 30 juin 1844 […] a bien voulu faire les nominations et promotions suivantes dans l’ordre Royal de la Légion d’honneur […] ». Suit une liste de onze militaires. « Je vous annonce en outre que […] le Roi a bien voulu nommer aussi chevalier de l’ordre Royal de la Légion d’honneur, le Chef Itoti, que vous m’avez désigné comme s’étant parfaitement  conduit dans le combat de Hapapé

    Le second document est le duplicata du diplôme remis à Hitoti.

    Hitoti (1770-1846) est chef à Teaharoa et Tiarei quand les Français établissent le protectorat.

    C’est un personnage qui s’est déjà fait remarquer dans l’histoire tahitienne. Vers 1810, il s’est opposé, avec d’autres, à la volonté d’hégémonie de Pomare II. Entre 1811 et 1813, on le voit « élève » des missionnaires de la L.M.S. à Moorea.

    À partir de 1829, avec d’autres chefs, il s’oppose à la jeune Reine Pomare IV qui montre trop de sympathie envers le mouvement Mamaia. En 1833, avec Tati et Paofai, il participe, à Taiarapu, à des combats qui voient la défaite des « rebelles » de la Mamaia.

    En 1836, il se montre favorable aux missionnaires catholiques français (que la Reine, sur les conseils de Pritchard, fait expulser). Il s’entend avec Moerenhout, qui est devenu consul de France en 1838, et qui en fait un fervent partisan de la France.

    En septembre 1842, avec Paraita, Utami et Tati, il appose sa signature sous celle de la Reine sur la sollicitation du protectorat adressée au Roi des Français.

    Il est l’un des Grands Juges, Président de la Haute Cour indigène.

    En mars 1844, il accompagne le Gouverneur Bruat, à bord du Phaéton, jusqu’à Taravao où des rebelles à la présence française (soutenus par la Reine et des résidents anglais) attaquent les installations militaires.

    Les 29 et 30 juin, il participe aux combats de Haapape (Mahina).

    Dans son rapport rédigé le 8 juillet et envoyé au Ministre, Bruat écrit à son propos :

    « Je résolus de marcher sur Hapapé (pointe Vénus) […] Je rejoignis la colonne à Papana, où je retrouvai, ainsi que je l’avais ordonné, le chef de la police européenne et indigène, avec une vingtaine de naturels qui s’étaient joints d’eux-mêmes à nous, sous le commandement du chef Itoti, dont je signale le dévouement éprouvé à votre Excellence. […] Le chef Itoti s’étant parfaitement conduit, j’ai l’honneur de vous demander la croix pour lui : cette distinction méritée ne peut que produire un bon effet

    On peut lire, dans un numéro de L’Illustration de 1848 (cité par O’Reilly dans Tahitiens) : « a vaillamment combattu dans nos rangs et est mort au service de la France le jour même où il recevait la décoration de la Légion d’honneur. […] Ses derniers instants ont été comblés par la pensée que l’œuvre qu’il avait contribué à fonder sortait enfin victorieuse des entraves qu’elle avait si longtemps éprouvées .» (Il faudra cependant encore toute l’année 1846 pour que les combats prennent fin définitivement.)

    Hitoti est décoré « pour ses services » en général, mais le Ministre a ajouté en P.S. : « Cette faveur est aussi la récompense de votre belle conduite au combat de Hapapé

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