Partie intégrante des missions du service du patrimoine archivistique et audiovisuel (te piha faufa’a tupuna), la valorisation du patrimoine archivistique polynésien se décline sous différentes formes, notamment à travers la publication annuelle du SPAA, le cahier des archives ARCHIPOL.
Conçue par le Service Educatif des Archives territoriales en 1998, cette publication, dont le premier objectif est celui d’apporter au milieu éducatif un choix de documents archivistiques relatifs à l’histoire de notre pays, permet également de sensibiliser la population polynésienne à l’existence d’un riche patrimoine historique.
En collaboration avec Monsieur Michel BAILLEUL, Docteur en Histoire d’Outre-Mer, chaque année, le service prépare un nouveau numéro du cahier des archives de la Polynésie.
Les trésors d’archives alors conservés au dépôt de Tipaerui sont consultés, étudiés sélectionnés par notre historien afin de permettre la publication d’un nouveau cahier.
A ce jour, la collection ARCHIPOL du service du patrimoine archivistique et audiovisuel comptabilise 15 cahiers des archives de la Polynésie disponibles à la vente au dépôt des archives de Tipaerui:
- 1- 1950-1959, les années Technicolor ;
- 2- La question foncière à Tahiti (1842-1929) ;
- 3- L’huître nacrière et perlière aux Tuamotu-Gambier, rétrospective historique ;
- 4- La presse en Polynésie française, 1845-1957. Survol d’un siècle d’histoire ;
- 5- La guerre 14-18 vue de Tahiti ;
- 6- L’agriculture polynésienne, 1955-1965. Regard sur un plan de relance ;
- 7- 1860-1880, Une page d’histoire des îles Marquises ;
- 8- 1972-1977, L’autonomie au centre des débats ;
- 9- 1875-1950, Les Etablissements Français de l’Océanie au quotidien ;
- 10- Moorea : Regards, descriptions, témoignages ;
- 11- Aux Australes : Petites Histoires du passé ;
- 12- Administration, circulation, santé, éducation : Un siècle de problèmes et de progrès aux Tuamotu 1850-1940 ;
- 13- Bora Bora en 1942, Opération BOBCAT ;
- 14- Les hommes du conseil colonial et du conseil général dans les établissements français de l’Océanie 1880-1903 ;
- 15- La Dynastie des Pomare;
- 16-Voyages en bibliothèques
Textes : Bureau de la valorisation du patrimoine – Archives PF
Illustrations : Archives PF
Archives publiques et privées, périodiques, iconographie, ouvrages, audiovisuel, le service du patrimoine archivistique et audiovisuel travaille continuellement au recensement, au traitement, à la conservation et à la sauvegarde de tous ces documents d’archives constituant un pan du patrimoine historique polynésien. Au fil des tâches effectuées se dévoilent quelques souvenirs d’une époque révolue, des personnalités ayant marqué notre Fenua.
Ainsi, faisons un arrêt sur images aujourd’hui et découvrant ou redécouvrant un grand homme passionné de littérature et de sa culture : Henri HIRO.
Cinéaste, dramaturge, poète, Henri HIRO né à Moorea un 1er janvier 1944. Il sera élevé à Punaauia par des parents ne parlant que le tahitien. En 1967, il part pour la métropole pour suivre des études à la faculté théologique protestante de Montpellier, et revient en 1972, le diplôme en poche.
En 1974, Henri HIRO est nommé directeur de la maison des jeunes, aujourd’hui Te Fare Tauhiti Nui.
En 1980, il prend la tête du département recherche et création de l’office territorial d’action culturelle. Cette nomination faisant naître en lui ce besoin de protéger, de porter sa culture au plus haut point, il milite alors pour la reconnaissance du patrimoine culturel polynésien en s’efforçant d’y insuffler un dynamisme nouveau et tente de pallier les atteintes à l’identité d’un peuple autochtone et à son environnement.
Cette même année, il manifeste contre le nucléaire en Polynésie française.
Sous son impulsion et celle d’autres jeunes étudiants ayant également étudié en métropole, l’Académie tahitienne est créée, et des concours littéraires sont institués.
Henri HIRO entame alors un travail de recueil des traditions orales tahitiennes, et encourage la jeunesse polynésienne à s’exprimer par le biais de la culture, et en particulier à écrire. Avide de connaissances et de découvertes, il s’essaie à la réalisation de films où il exerce à la fois en tant que metteur en scène et comédien au théâtre et poursuit ses travaux littéraires en traduisant des romans français en reo ma’ohi.
En 1982, il écrit « Marae », une cérémonie d’intronisation d’un jeune chef sur le marae Arahurahu de Paea qui sera ensuite tournée en juillet 1983. Le film s’attache au détail de cette cérémonie d’antan avec tous les fastes que l’on peut imaginer.
De son poème « Ariipaea-Vahine », il en fait une adaptation théâtrale qui est jouée par le Pupu Arioi.
En 1985, son film « Tarava », tourné entre 1980 et 1983 et d’une richesse musicologique étonnante, est sélectionné pour le Festival International du Film d’Amiens.
Henri HIRO choisit la poésie comme véhicule privilégié de la pensée. Son œuvre «message poétique» publiée en 1990 est profondément habitée par la culture religieuse traditionnelle ma’ohi.
Le 10 mars 1990, Henri HIRO décède. Aujourd’hui, la poésie de Henri Hiro est enseignée dans les écoles de Polynésie. Hélas, pas son théâtre. Ni son sens de la beauté et de la justice.
Henri HIRO réalisa et écriva entre autre Eulalie (1979), Penei ae (1979), Pehepehe (1988).
Textes : Bureau de la valorisation du patrimoine – Archives PF
Photographies : Fonds ICA Collection Archives PFL’avant Tiurai.
À la suite de la christianisation des archipels par la Société missionnaire de Londres au début du XIXe siècle, deux interdits contre les « chansons, jeux ou divertissements lascifs » furent édictés par le roi Pomare II en 1819 et la reine Pomare en 1842. Interdit par les missionnaires, le ‘ori Tahiti le fut aussi par le code Pomare de 1820. Il fut imposé de ne plus danser ou chanter pour cause d’indécence et de débauches.
Le bal polynésien ou « à la polynésienne » existait déjà bien avant, durant la période de règne de la reine Pomare IV, comme le confirme ce témoignage d’un européen ayant connu le Papeete d’antan : « J’y ai fait mon devoir consciencieusement et je m’en ressens. En France, on ne danse pas tous les jours avec des reines. Pomaré IV était au bal avec sa fille, la reine de Bora Bora, et la reine de Raiatea… Elles dansent parfaitement. Elles sont un peu lourdes. Il ne faut pas s’en étonner, une d’elles pèse autant que deux hommes européens. Mais aussi, on a l’avantage de pirouetter avec un élan irrésistible. Le tout est de les mettre en mouvement… Le confortable ne laissait rien à désirer. Près du salon se trouvait servie une table couverte de gâteaux, de rafraîchissements. On y conduisait les dames après chaque danse, on les servait et après on retournait soigner la bête » (Ch. Antoine, BSEO, t. 7, p. 481-82.).
En 1847, le gouvernement français, tolère alors les démonstrations et manifestations culturelles, par la loi de 1847, et n’autorise la pratique de la danse que dans certains lieux, le mardi et jeudi uniquement.
Deux ans plus tard, en 1849, la danse ‘upa’upa est totalement interdite.
1881, le retour des festivités traditionnelles : le Tiurai.
Le 14 juillet 1881 marque le retour des festivités traditionnelles. A Tahiti, l’on assiste aux premières célébrations du Tiurai (de l’Anglais july qui veut dire juillet) qui permet alors d’associer les Polynésiens aux réjouissances. Cependant, la manifestation comprend uniquement des défilés militaires, retraites aux flambeaux et autres démonstrations officielles, dans lesquelles le himene (chant traditionnel) a une place privilégiée qui encourage une expression vivace et intense.
1881, c’est aussi l’année du premier concours de chant qui réunira pas moins de 30 groupes.
1956, le Tiurai et Madeleine MOUA.
En 1956, Madeleine Moua, alors institutrice, révolutionne l’image du Tiurai en posant les bases du ‘Ori Tahiti (danse tahitienne) avec sa troupe Heiva. Les robes missions sont abandonnées pour faire place à de beaux costumes de danse. Les chorégraphies, les techniques, la nudité du corps, tout est repensé.
La création de l’aéroport en 1961, entrainant la mondialisation et le développement du tourisme, permet alors aux troupes de danser plus régulièrement et de se produire sur des scènes internationales, tel que l’a fait Madeleine MOUA et son groupe Heiva.
1985, le Tiurai devient Heiva.A l’occasion du IVème Festival des Arts du Pacifique Sud qui a lieu à Tahiti en 1985, le Tiurai perd son nom d’origine pour souligner l’accession du territoire à l’autonomie l’année précédente: il est rebaptisé Heiva i Tahiti.
Le 29 juin devient date officielle du lancement des festivités du Heiva avec l’instauration, par le gouvernement, du Hiva Vae’vae, le défilé des associations polynésiennes.
Textes : Bureau de la valorisation du patrimoine – Archives PF
Illustrations : Fonds Gutzwiller / Collection SPAA © droits réservés
Le service du patrimoine archivistique et audiovisuel de la Polynésie française collecte, conserve, sauvegarde, trie, inventorie et classe tout document qualifié d’« archives ». Mais, au hasard des dons faits au Pays, il est parfois surprenant et agréable de voir de belles pièces faire leur entrée au dépôt des archives de Tipaerui. Tel est le cas de ce don de l’État au Pays, une presse à percussion, qui fit son entrée dans le patrimoine polynésien en 1993.
A l’heure où la modernité a posé son empreinte, où l’électronique prend au fur et à mesure le dessus sur l’artisanal, il flotte ainsi dans les couloirs du service du patrimoine archivistique et audiovisuel comme un air nostalgique que ceux et celles qui ont eu l’opportunité de la manœuvrer se souviendront de tous leurs travaux effectués avec cette grande dame : la presse à percussion Schimanek.
Cette presse permettait, grâce à son système de percussion, de serrer les ouvrages avec efficacité. Utilisé pour la mise en presse initiale, la mise en presse du corps d’ouvrage, pour bien aplatir certains collages et pour la mise en presse par plat du livre terminé.
Le vendredi 4 juin 1976, après plus d’un mois de navigation, la pirogue hawaïenne Hōkūle‘a’ est accueillie sur la Plage Cigogne à Papeete par près de 15000 Tahitiens.
« Amis Hawaïens, vous êtes ici chez vous ». C’est par ces mots que le Gouverneur Schmitt souhaita la bienvenue aux 17 membres de l’équipage de la pirogue double Hōkūle‘a’.
Ce premier voyage, de plus de 5000 kilomètres, sans instruments de navigation entre les îles Hawaii et Tahiti vient alors réveiller les consciences polynésiennes quant à l’histoire de la
navigation ancestrale et à leurs traditions.
Une navigation commune aux deux îles, dont le savoir fut transmis oralement de générations en générations, qui vient alors confirmer la capacité des anciens navigateurs polynésiens à voyager d’îles en îles en utilisant les méthodes ancestrales de navigation.
Chant interprété par John Gabilou et écrit par Patrick Roche à l’occasion de l’arrivée de Hōkūle‘a’ en 1976: «Tei raro ae i te tere
O te po avae haumaru e Te tere nei oia i Tahiti Hōkūle‘a’ no maui e Teie nei po poiri Te tere nei te vaa tauati Apiti hia i te matai Hōkūle‘a’ no Hawaii (Refrain:) Hōkūle‘a’, Hōkūle‘a’, Hōkūle‘a’ laorana to oe tae raa mai i Tahiti Na roto te miti rahi E te ua toetoe hoi e Ua hoe ma te rohirohi e Hōkūle‘a’ no maui e Aahiata teie nei nia te moana tarere Te piri mai nei i te fenua Hōkūle‘a’ no Hawaii » « C’est sous le signe du voyage De la nuit fraiche et il s’en va à Tahiti, Hōkūle‘a’ de Maui En cette sombre nuit La pirogue double s’en va accompagnée du vent (alizée) Hōkūle‘a’ de Hawaii Hōkūle‘a’, Hōkūle‘a’ bonjour pour ta venue à Tahiti A travers cette immensité d’océan et la pluie froide, tu as ramé jusqu’à l’épuisement Hōkūle‘a’ de Maui ! C’est l’aube Sur cette océan agité Voici la terre, Hōkūle‘a’ de Hawaii, qui s’approche »Chargées d’enrichir les collections patrimoniales du Pays, les Archives de la Polynésie française acquièrent, en 2009, une très grande collection de cartes postales anciennes, semi-modernes et modernes.
Des cartes postales illustrées des clichés de Lucien GAUTHIER, de Frank HOMES, Susan HOARE, de SYLVAIN, témoignage du Tahiti des temps anciens.
Après un long travail de numérisation, le fonds iconographique Roland GUTZWILLER est désormais consultable sur poste individuel au dépôt des archives de Tipaerui aux heures d’ouverture au public.
De cette grande collection, le Pays détient les droits des supports physiques. Quant aux droits intellectuels, ils restent acquis aux ayant-droits, soit aux descendants des photographes, et/ou aux particuliers ayant rachetés leurs droits ; tel le Fonds Lucien Gauthier, dont tous les droits ont été rachetés par un collectionneur.
Textes : Bureau de la valorisation du patrimoine – Archives PF
Photographies : Archives PF