Échange de courrier entre la Reine Pomare et le commissaire-commandant de la République au sujet du Palais de la Reine (avec une note du Directeur des Ponts et Chaussées) 1874 – 1875
La réalisation du « palais de la Reine » s’est poursuivie sur 24 années, de 1859 à 1883. La Reine, décédée en 1877, n’a donc jamais habité dans cette construction qu’elle avait initiée.
Dans les années 70, elle est de plus en plus préoccupée par la lenteur des travaux. Ce qu’elle appelle « mon palais », ou bien « ma maison » a un aspect extérieur qui pourrait faire penser que l’immeuble est quasiment terminé. Mais en fait, l’intérieur est inachevé, et ce qui est réalisé se dégrade faute d’occupation et d’entretien.
Le 3 décembre 1874, elle écrit au Commandant Commissaire de la République d’une part pour savoir quelle somme, récoltée auprès des contribuables, sert à la poursuite des travaux, et d’autre part pour qu’il fasse « activer les ouvriers ». Cette lettre est une feuille de format 19,5×24,8 cm qui a été pliée en quatre pour l’envoi. Le recto porte l’adresse : « Na te Tomana te auaha o te Repupirita / Papeete ». Au verso, chaque page est séparée en deux colonnes, à droite en tahitien, à gauche en français (avec mention : « Pour traduction conforme, L’interprète Letourneau »).
Le Commandant Gilbert-Pierre ne répond pas immédiatement. Il prend ses renseignements auprès du Directeur des Affaires Indigènes et du Directeur des Ponts et Chaussées.
Dans une note de trois pages du 9 décembre 1874, ce dernier fait l’historique de l’entreprise. De 1859 à 1865, 90 000 francs ont été dépensés. Il n’est pas certain que cette somme ait servi uniquement à la construction du palais. Les travaux ont repris en 1874, avec un financement de 29000 francs. Il s’est surtout agi de travaux de remise en état.
Au début de 1875, un événement d’importance va donner un nouveau coup d’accélérateur : c’est le mariage du prince héritier Ariiaue avec la jeune Marau, 14 ans, fille cadette de Ariitaimai Salmon. Les travaux réalisés à la hâte, pour environ 10 000 francs, sont « du provisoire » : nettoyage des abords, peinture, pose d’escaliers provisoires donnant accès sur la véranda pendant les fêtes, et installation d’une cuisine, »sans que cela puisse profiter en rien à l’édification du palais ».
La réponse de Gilbert-Pierre à Pomare IV est datée du 13 février 1875. Le document conservé en est le brouillon. C’est un feuillet de 4 pages 20,2×30,6 cm. Les deux premières pages sont divisées en deux colonnes et le texte figure dans les colonnes de gauche. Il est précisé qu’une copie de la situation des recouvrements opérés et à opérer, ainsi que des travaux exécutés et restant à exécuter est jointe à ce pli. Si la Reine a dû « être satisfaite des travaux qui ont été terminés dans le rez-de-chaussée du palais pour le mariage du prince Ariiaue », elle ne doit pas oublier que la situation présente un déficit de 7 742,29 francs, et que les travaux ne pourront se poursuivre que s’il y a des fonds disponibles. Si le financement se concrétise, le Commandant assure que le palais pourra être achevé avant la fin de l’année.
Mais la Reine est fatiguée ; son entourage dépense sans compter. La priorité n’est plus au palais.
C’est Ariiaue qui recevra les clés du palais, des mains du Gouverneur de la colonie, le 21 juin 1883.
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