Lettre de THE HOLMES LIME CO.Inc 21 novembre 1908
En route pour rejoindre sa nouvelle affectation, le Gouverneur Joseph François s’arrête quelques jours à San Francisco. Il est interviewé par le journal « San Francisco Call ». L’entretien paraît dans le numéro du 21 novembre 1908. Son portrait, en page 20, précède ce dernier, avec le titre : « Le Gouverneur François, de Tahiti, s’entretient avec des hommes d’affaires locaux sur les possibilités d’échanges commerciaux ».
(Traduction M.B.)« Le Gouverneur Joseph François, diplomate français en route pour prendre ses fonctions à la tête des possessions françaises de Tahiti et dépendances, estime que San Francisco sera le port de départ et d’arrivée pour les îles ensoleillées qu’il va commander, même après la finition du canal de Panama. Ce fonctionnaire, accompagné de sa femme et de sa fille, Melle Renée François, fera voile demain, sur le steamer Alameda, vers sa nouvelle résidence dans les Mers du Sud. Pendant son séjour à San Francisco, le Gouverneur François a bien étudié notre ville et a rencontré beaucoup d’hommes en rapport avec le commerce des îles. Il partira vers son archipel avec la ferme volonté de toujours encourager les investisseurs de San francisco à venir à Tahiti. »
[…] « Je vais travailler à la prospérité de cette île » a déclaré hier le Gouverneur à notre interprète, « et aussi à entretenir des relations cordiales avec San Francisco. Si le peuple américain souhaite faire de Tahiti un agréable lieu de vacances, j’emploierai tous les moyens pour qu’il devienne aussi attirant que bien d’autres endroits dans le Pacifique. La croissance du commerce sera facilitée, et nous accueillerons les constructions d’hôtels et autres lieux de séjour. San Francisco sera toujours le port numéro un pour Tahiti. La construction du canal de Panama n’y changera rien, car géographiquement cette ville est la mieux située pour desservir les îles .»
Peu de temps après son arrivée le nouveau Gouverneur reçoit une lettre d’un producteur d’engrais de San Francisco. C’est une feuille rose à en-tête de format 21×27,4, dactylographiée recto/verso, de « THE HOLMES LIME CO. Inc. » Quelques trous dans ce papier rose, dus à la vermine, n’empêchent pas la compréhension du texte. Le représentant de cette compagnie fait référence à l’article qu’il a lu dans le « San Francisco Call ». (Il n’a pas perdu de temps car sa lettre est datée du jour même de la parution de l’article.) Il propose de la chaux hydratée employée pour la fertilisation des terres sur lesquelles on cultive de la canne à sucre (un échantillon est joint à sa lettre). Il vante la facilité d’utilisation de cette poudre qui peut être répandue à la volée ou avec un tamis. Il énumère les noms de diverses compagnies sucrières qui en font déjà usage (par exemple The Hakalau Plantation Company) et demande au Gouverneur les noms et adresses des différents planteurs de canne à sucre habitant Tahiti.
Joseph François transmet cette lettre le 10 décembre au Président de la Chambre d’Agriculture de Tahiti Albert Chassagniol, en lui demandant son avis. Ce dernier fait une traduction de la lettre et répond le 14 décembre que, d’une part, la terre de Tahiti est très fertile, et que, d’autre part, « nous avons sous la main les phosphates de Makatea » (1908 est l’année de création de la Compagnie Française des Phosphates de l’Océanie).
Dans sa réponse du 13 janvier au Directeur de la Holmes Lime Co, le Gouverneur décline l’offre en reprenant les arguments du Président de la Chambre d’Agriculture.
(Notons qu’Albert Chassagniol avait suggéré de demander leur avis aux deux planteurs de canne à sucre de Tahiti ; je n’ai pas trouvé de traces d’une telle démarche.)
(Carton : 8,7×16)
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