Ministre à Gouverneur 1846 À propos de l’Arche d’Alliance
Le 1er août 1846, le Gouverneur Bruat reçut par le navire La Louise une lettre du Ministre de la Marine et des colonies (le baron de Mackau), datée du 27 février. C’est une lettre de recommandation pour un agent de La Société française de l’Océanie, monsieur Gustave Touchard, lequel avait pour mission « d’organiser des comptoirs dans les Archipels de la Mer du Sud ».
Le Ministre ne tarit pas d’éloges pour cette société : « Je me plais à […] vous exprimer la vive sympathie que m’inspire l’œuvre tout à la fois commerciale et civilisatrice » de ladite société.
La Société de l’Océanie fut créée en 1844-1845 par trois hommes : Monseigneur Douarre (évêque in partibus d’Amata en Nouvelle-Calédonie, de passage en France), Auguste Marceau (commandant de marine) et Louis Victor Marziou (important armateur du Havre, principal financier de la Société). Cotée en bourse, elle avait pour actionnaires le pape, quinze cardinaux, vingt archevêques et le Roi d’Italie.
Sous l’impulsion des Maristes de Lyon et du commandant Marceau, une « marine religieuse » prit naissance. Elle arma plusieurs navires : l’Arche d’Alliance, l’Étoile du matin, la Stella Del Mare, l’Anonyme, la Léocadia et le Paquebot des Mers du Sud.
Le commandant Marceau (1806-1851) fut un personnage étonnant. Élève à l’école polytechnique, il fit des études approfondies sur la vapeur et s’engagea dans la marine. C’était alors un bon vivant et libertin, adepte du saint-simonisme. Après plusieurs campagnes militaires et scientifiques, il se fit baptiser en 1841 et devint un ardent défenseur de la foi.
En 1845, il prit le commandement de l’Arche d’Alliance, et il quitta la France le 15 novembre, pour rayonner pendant trois ans en Océanie.
Il arriva aux Marquises fin mai 1846 ; il y séjourna jusqu’au 2 juillet. Il se rendit alors à Tahiti, qu’il rejoignit en 4 jours. Puis, le 26 août, il fit route vers le Pacifique Occidental.
Le 22 juillet 1848, il revint à Tahiti où il fut reçu par monsieur Touchard (dont il est question dans la lettre du Ministre). Il apprit que la République était proclamée en France. Il repartit pour les Samoa le 5 septembre. (Il y rencontra Pritchard et en profita pour dénoncer les propos anti-français et anti-catholiques que ce dernier continuait de répandre.) Il était de retour à Tahiti le 6 décembre. Son navire fut affrété par le Gouverneur pour rapatrier 130 soldats (dont 6 condamnés), ainsi que la machinerie du Phaéton.
Son action dans le Pacifique fut essentiellement de transporter les missionnaires catholiques vers leurs destinations et de visiter ceux déjà en place : avec les autres navires, la Société en aura convoyé 117.
Mais la Société française de l’Océanie fut victime d’agents indélicats, d’un capitaine peu scrupuleux et de la mauvaise gestion de Marceau.
La Révolution de 1848 lui porta un coup fatal, malgré l’injection de capitaux de Marziou. Elle liquida ses actifs et disparut en 1849.
Elle ne fut pas, comme l’envisageait le Ministre, « sagement dirigée comme tout annonce qu’elle doit l’être, et promettant la réalisation d’une pensée des plus louables, ne (pouvant) manquer de devenir féconde en utiles résultats ».
Auguste Marceau se retira à Lyon chez les missionnaires maristes. Sa santé ne lui permit pas de devenir prêtre, comme il l’avait souhaité.
Sources : – Yannick Essertel, Les vicaires apostoliques en phase pionnière en Océanie au XIXè siècle, 2011. – Wikipédia – Auguste Marceau, Capitaine de frégate… par un de ses amis, 1859.
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